Nikita Zimov, directeur de la Station scientifique du Nord-Est en Yakoutie, observe le dégel de la couche de permafrost à Duvanny Yar, située le long de la rivière Kolyma, au-dessus du cercle polaire arctique

Nikita Zimov inspecte la matière organique qui se libère suite à la fonte du permafrost. Il s'agit des racines de l'herbe dont se nourrissaient les mammouths. Elles pourrissent désormais au dégel, produisant du dioxyde de carbone à l'air libre, et du méthane au contact de l'humidité

Nikita Zimov tient un morceau de glace provenant du permafrost de Yedoma situé le long de la rivière Kolyma, au-dessus du cercle polaire arctique. Ici, avec une moyenne de 20°C pendant 10 jours, soit 6°C de plus que la normale d'août, le dégel a provoqué un glissement de terrain.

Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2019, une partie de l'ancienne station d'épuration de Tcherski, au-dessus du cercle polaire arctique, s'est effondrée à cause du dégel du sol.

Nikita Zimov installe un capteur de gaz à effet de serre près de sa station de recherche sur le permafrost

Nikita Zimov expérimente la récupération du méthane issu de la décomposition de la matière organique après le dégel du permafrost situé sous le lac

Dans le laboratoire souterrain de l'Institut Melnikov du Permafrost, le géographe Yuri Mourzine transporte un fragment de l'os pelvien d'un mammouth trouvé dans le permafrost fondu en Yakoutie

Yuri Mourzine, géographe, observe les restes d'animaux qui habitaient la Sibérie au Pléistocène, tels les mammouths, yaks, bisons et autres grands animaux de pâturage.

Parc du Pléistocène, Yakoutie, Russie. Vadim conduit des chèvres dans une réserve naturelle de 20 km². Cet homme d'origine tchouktche participe à un projet de restauration des écosystèmes de steppe afin de protéger le permafrost.

Tomtor, région d'Oymyakon, Yakoutie, Russie. Située dans le village de Tomtor, la célèbre station météorologique « Oymyakon » a été ouverte en 1929

Vadim conduit des chèvres dans une réserve naturelle de 20 km². Cet homme d'origine tchouktche participe à un projet de restauration des écosystèmes de steppe afin de protéger le permafrost

La descriptiUn cheval yakoute passe devant un lac thermokarstique. Provoqués par la fonte du permafrost, ces affaissements spontanés perturbent les milieux naturels, allant jusqu'à obliger la faune sauvage à modifier ses voies migratoireson apparaît ici

Construite sur du permafrost, Yakoutsk est l'une des villes habitées les plus froides du monde, avec des températures hivernales inférieures à –40°C. Le sol étant gelé, tous les câbles et leurs gaines passent par l'extérieur

La descriptioParti de la Station scientifique du Nord-Est, un bateau à moteur hors-bord remonte le fleuve Kolyma en direction du Parc du Pléistocène. Sur la rive droite gît l'épave du Navire Nord. Après la Seconde guerre mondiale, cet ancien navire allemand a été remis en état par les Russes. Dans les années 1970, il emmenait des enfants en croisière sur la Kolyma (colonie de vacances). Au début des années 1980, avec le froid, le bateau est resté « collé » au fond, et il n'a pas bougé depuis.

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Dans certains endroits riches en glace de permafrost en Yakoutie, les incendies et la chaleur ont provoqué des changements irréversibles dans le paysage, comme la formation de lacs thermokarstiques, c'est-à-dire des effondrements remplis d'eau. Ici, le village de Tchouraptcha a été englouti par les eaux libérées par la fonte du permafrost, mais les habitants refusent de quitter leur terre d'origine

Un cheval yakoute passe devant un lac thermokarstique. Provoqués par la fonte du permafrost, ces affaissements spontanés perturbent les milieux naturels, allant jusqu'à obliger la faune sauvage à modifier ses voies migratoiresption apparaît ici

Située dans le village de Tomtor, la célèbre station météorologique « Oymyakon » a été ouverte en 1929. Le 6 février 1933, une température de –67,7°C y fut enregistrée, ce qui devint la température minimale absolue de l'air constatée dans l'hémisphère nord au XXème siècle. C'était un dixième de degré de moins qu'en 1892 à Verkhoyansk, l'autre station rivale du froid en Yakoutie. Suite à cela, une comparaison mensuelle des températures a montré que les celles à Verkhoyansk sont environ 3,4°C plus élevées qu'à Oymyakon.

Les éleveurs de vaches et de chevaux d'Oymyakon manquent cruellement de foin. Les températures estivales élevées et les incendies ont tendance à freiner le développement de la végétation. Cela a pour conséquence de réduire la quantité d'herbe disponible pour faire du foin, tandis que les zones détrempées par la fonte du permafrost rendent l'herbe inutilisable.

Un Yakoute chante lors d'une fête d'anniversaire à Tomtor. Les invités boivent du koumis, une boisson traditionnelle constituée de lait de jument fermenté, et mangent des spécialités à base de viande locale : du cheval et de la vache yakoutes, ainsi que quelques salades russes.

Les élèves prennent le repas qu'il leur est servi à la cantine de l'internat d'Oymyakon.tion apparaît ici

L'élevage du cheval yakoute est devenu un moyen efficace de mettre en valeur et de développer les espaces de taïga en Sibérie et en Extrême-Orient. Cet animal est plébiscité pour sa résistance aux basses températures et ses qualités uniques en tant que force de traction, source de viande, de lait et de matières premières pour le cuir et la fourrure.

Un enfant prend un bloc de glace scié dans la rivière Indigirka. Il le transformera ensuite en eau liquide en le plaçant dans un seau à côté d'un four. À Oymyakon, malgré le chauffage central partiel, les habitants n'ont pas d'eau courante ni d'installations sanitaires à l'intérieur des maisons

Pour être consommée, la viande congelée est sciée et le poisson est coupé de manière à ce qu'il ne se brise pas en petits copeaux. Pour stocker des provisions tout au long de l'hiver, les habitants d'Oymyakon les laissent dehors, directement sur la véranda.

Chyskhaan, personnage traditionnel yakoute, est désigné comme « le gardien du froid ». Ici, son interprète observe la rivière d'Indigirka à Oymyakon, le village le plus froid au monde. Ironiquement, le toponyme « Oymyakon » qui vient de l'Évène, peuple autochtone local, signifie « l'eau qui ne gèle pas ». L'Indigirka (« vivre » en évène), dont l'eau frappe par sa pureté printanière, est ainsi l'un des plus grands fleuves du nord-est de la Russie.

La description apparaît iciDans une grotte creusée dans le permafrost servant de résidence à Chyskhaan, personnage traditionnel yakoute, une femme découvre des cristaux de neige formés par la condensation. Ici à l'intérieur, il fait environ –10°C. À Oymyakon, le permafrost commence à 1,5 mètre de profondeur, mais les scientifiques et les professionnels du bâtiment s'accordent à dire que sa température augmente constamment. Localement, il passerait de –15 à –5°C, approchant parfois même le degré 0.

Un homme, désireux de rester en bonne santé, se lave en mettant de la neige sur son corps. De toutes manières, il n'y a pas d'eau courante chez lui qui vit à Oymyakon. Dans ce village, les températures moyennes hivernales en font l'endroit habité en permanence le plus froid de la planète.

Trois éleveurs de vaches, dont un homme aveugle, discutent à la table de leur maison commune.

Sandara, 14 ans, consulte son smartphone lors de la fête de fin d'année à l'internat.

Nikita Zimov pose avec une défense de mammouth dans la maison de ses parents installée à la Station scientifique du Nord-Est. Spécialisé en biologie, géophysique et physique atmosphérique de l'Arctique, il est le fils de Sergueï Zimov, un écologiste russe qui a fondé en 1996 le Centre de recherche sur le permafrost en Yakoutie, dont la réserve naturelle est désormais connue sous le nom de « Parc du Pléistocène ».

Le frère d'Evdakia, s'occupe du veau dans l'étable.

Egor, 60 ans, travaille à la centrale thermique au charbon d'Oymyakon. Handicapé, sa jambe a été remplacée par une prothèse suite à un accident du travail. Il adore aller pêcher et chasser les oiseaux avec des pièges.

Important dans l'économie, la culture et la vie quotidienne, le cheval se reflète dans bon nombre de croyances traditionnelles. Selon les experts, le culte du cheval parmi les peuples turcophones serait le mieux conservé parmi les Yakoutes. Les épopées racontent que la Terre est née du cheval divin. Dans les mythes de Sakha, l'univers et la Terre étaient associés à un bel étalon : Aigyr Silik. Dans la tradition épique yakoute, « les chevaux sont des envoyés du monde céleste ». Les Yakoutes comparent d'ailleurs les rayons du soleil à la queue d'une jument blanche

Les températures hivernales extrêmement basses à Oymyakon sont dues au relief, dont les hautes chaînes de montagnes forment une immense cuvette naturelle. Vallées fermées, éloignement de l'océan, journées d'hiver courtes, faible rayonnement solaire et anticyclones sont les principaux facteurs du refroidissement intense de la masse d'air. Dans cette « dépression d'Oymyakon », la température de l'air peut descendre jusqu'à –70°C. L'air froid coule en conséquence des montagnes environnantes sur la ville d'Oymyakon, elle-même située dans un creux.

Le thermomètre de Tomtor indique la température en temps réel. Ce jour-là, le 28 décembre 2022, il fait –45°C.